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Barack Obama : « Nous avons choisi l’espoir plutôt que la peur »
Le nouveau président des États-Unis, Barack Obama, a appelé son pays à se ressaisir face à la crise économique et a assuré le monde de sa bonne volonté
Barack Obama prête serment (Wilson/AP).
«A partir d’aujourd’hui, nous devons nous redresser, secouer la poussière, et travailler à nouveau à faire l’Amérique. » Le nouveau président des États-Unis, Barack Obama, a tenu mardi 20 janvier un discours mobilisateur, après sa prestation de serment.
Décrivant un pays « en guerre contre un réseau de violence et de haine » et dont l’économie est «très sérieusement affaiblie», il a invité les Américains à reconstruire leur pays sur de nouvelles fondations et a tendu la main aux peuples du monde, notamment au monde musulman. « Notre héritage en patchwork est une force, pas une faiblesse », a-t-il lancé. « Nous avons choisi l’espoir plutôt que la peur », a-t-il insisté.
Barack Obama a aussi cherché à resserrer les rangs autour de ce qu’il a décrit comme les valeurs fondamentales des États-Unis. « Nos défis sont peut-être nouveaux. Les instruments avec lesquels nous les affronterons sont peut-être nouveaux. Mais les valeurs dont dépend notre succès – le travail dur et l’honnêteté, le courage et le fair-play, la tolérance et la curiosité, la loyauté et le pratriotisme –, tout cela est ancien. »
Le 44e président des États-Unis a prononcé son discours alors que des centaines de milliers de personnes avaient envahi les rues de Washington.
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« Obama, Obama »… Le métro qui arrive dans le centre de Washington tangue, alors que les passagers scandent le nom du nouveau président américain. Dans la rame, une femme tient un micro à la main, façon reporter télé, et s’époumone, pendant qu’une amie la filme avec son téléphone.
« C’est un jour historique, ce n’est pas le moment de se taire », lâche-t-elle, avant de se tourner vers ses voisins, hilares. Sur les quais comme dans la voiture, les bonnets Obama côtoient les bagdges Obama, les écharpes Obama, et le drapeau américain, dont beaucoup se disent à nouveau fiers. Tous en route pour investir le nouveau président d’une mission ambitieuse : changer le pays.
Emmitouflés dans leur manteau, Jean et son mari Huti se creusent la tête alors que va bientôt commencer la cérémonie devant le Capitole, à deux pas de la Maison-Blanche. Quelle raison aurait pu leur faire manquer cet « événement historique » ?
Certainement pas le froid. Certainement pas la distance non plus : le couple de sexagénaires a traversé le pays en van depuis l’Oklahoma pour se joindre à la foule. Un van garé quelque part en banlieue de Washington et dans lequel ils dorment. « La première nuit, il faisait un froid terrible, reconnaît Jean en frissonnant. Maintenant, ça va mieux. » À vrai dire, peu importe : l’essentiel est de pouvoir respirer cet air nouveau qui flotte sur la capitale et sur le pays.
Un grand jour pour de nombreux américains (Rourke/AP).
« C’est formidable, lâche Jean, la larme à l’œil. À tel point que j’ai encore du mal à y croire. Avec lui, les choses vont changer. Il y faut réparer tout ce que Bush a cassé. Fermer Guantanamo, réguler l’économie, arrêter la guerre en Irak… »
La tâche est énorme, et, comme le nouveau président le reconnaît, quatre ans n’y suffiront sans doute pas. Pourtant, les Américains ont le sentiment que le seul fait d’avoir élu ce président a déjà changé une partie de leur vie, et de celles de leurs enfants.
« Parce qu’il est noir, c’est déjà une révolution, explique Carolyn, Afro-Américaine de Chicago, venue en famille chez sa sœur qui vit à Washington. Surtout pour mes enfants : je veux qu’ils voient ça, parce que plus rien ne doit les empêcher d’accomplir leurs rêves. Si un Afro-Américain peut devenir président de ce pays, alors vraiment, tout est possible pour eux… »
Le défi du nouveau président est immense
Sur le Mall, lieu central de la république américaine, qui rend hommage aux fondateurs du pays et où sont installés le Congrès et la Maison-Blanche, la foule est dense. Une foule de toutes les couleurs, venues de tous les coins du pays.
Des groupes d’enfants venus de Chicago avec leur professeur, des copains ayant fait le voyage de New York, une famille du Minnesota, tous habillés des sweat-shirts jaunes réalisés exprès pour l’occasion. On se prend en photo, on chantonne, on se réchauffe comme on peut.
Kevin, lui, se frotte les mains. Ses badges et ses tee-shirts se vendent comme des petits pains, chacun voulant s’offrir petit un bout d’histoire. Les tee-shirts « J’y étais » ont la cote, comme les pins reprenant les célèbres affiches bleu et rouge de Shepard Fairey.
Lui et sa femme, les cheveux pris dans un drapeau américain, repartent en bus pour la Pennsylvanie peu après la cérémonie, mais ils ne sont pas venus que pour le business. « Il faut que tout change », lâche-t-il, s’interrompant pour crier « Obama, Obama » en serrant le poing. « Il faut s’attaquer aux entreprises, aux lobbys. Ce sont eux qui dirigent le pays. Mais plus à partir d’aujourd’hui. » Le défi du nouveau président – ne pas décevoir – est immense.
Gilles BIASSETTE, à WASHINGTON lacroix.com